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1941 Mai 1941 – A la laiterie avec le camarade polonais Avec
un tel climat j’étais chaque jour « sous pression » et je savais
que je ne pourrais jamais tenir bien longtemps. Je n’allais jamais assez vite
pour vider les bidons de lait dans la bataille placée en amont des écrémeuses ;
« Monsieur » secouait nerveusement la jambe… Mais hélas les
prisonniers étaient encore plus lents, ce qui l’obligeait, tout en maugréant,
à venir me donner un coup de main de temps à autre. Après un an de cette vie,
le 8 juillet 1941, un travail supplémentaire fit déborder le vase ! (A
signaler, la veille j’avais commencé la journée à six heures pour la
terminer à vingt-trois heures). Ce
jour là, ayant comme de coutume assuré mon pénible travail et alors que je
« dégustais », avec deux bonnes heures de retard mon casse croûte
de dix heures (qui avait déjà rassasié bon nombre de mouches !!) je suis
appelé pour manger (repas de douze heures trente) car il fallait partir immédiatement
pour la gare de Barkéwick ou je devais, seul, assurer le déchargement de deux
wagons de charbon. N’ayant pas terminé mon casse croûte de dix heures, je
refusais de me rendre à la cuisine et ainsi, je partis à la gare sans avoir
pris mon repas de douze heures trente, mais, alors que je devais charger une
remorque pendant que le tracteur faisait un premier voyage, j’abandonnais la
pelle et je revins avec le tracteur pour manger à mon heure habituelle… Ce
fut l’altercation inévitable et le soir on appela vainement « Gââââbriel »
pour manger. J’étais caché dans les hautes herbes attendant l’ouverture de
la porte du commando afin de m’étendre sur ma paillasse et faire le malade.
Le lendemain, avec une fièvre tout artificielle (il suffisait en effet de
frotter un peu le thermomètre à l’insu du gardien) celui ci consenti à
m’exempter du travail ce jour là : vive contestation du laitier,
bruyante dispute entre le patron laitier et le gardien qui, après un rapport à
la Kommandantur supprima toute main d’œuvre française à la laiterie. Je
riais dans ma barbe, car j’avais gagné ! Adieu
donc, sans regret, cette laiterie. Mais à Brüsewitz je ne pouvais, hélas, que
revenir à la culture ! Je connus ainsi une première place au titre de
renfort pour la moisson, chez un petit cultivateur (
Repère 3 ), puis une deuxième
place chez un autre paysan pour aider à l’arrachage des pommes de terre (
Repère
4 ),
et enfin, je remplaçais momentanément un camarade retenu au camp par l’épidémie
de typhus. Il s’agissait d’une petite ferme (un cheval, trois vaches) (
Repère
5 )
où je passais dans d’assez bonnes conditions le cœur de l’hiver. Lien Le
CICR et les prisonniers de guerre polonais en Allemagne...
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